C’était un joli plumeau vert, un joli plumeau a la nuque violine, tout poudré. Un petit perroquet parmi les plus grands amazones qui existent. Il n’avait jamais volé. Il avait beaucoup de caractère, un regard perçant, et il a su se faire aimer par les autres oiseaux de la maisonnée. Il avait tissé un lien d’affection très fort avec Rosy, la rosalbin. Ils se faisaient les plumes mutuellement et jouaient beaucoup ensembles. Il mangeait avec tout le monde, sans chicanes. Le groupe lui avait appris la communication et ensuite la collaboration et puis le partage des ressources. Il avait appris à fourrager, à ne plus crier tout le jour sans raison. D’un perroquet criant quasiment non-stop, il ne faisait plus que bougonner lorsqu’il était un peu agacé.
À force de patience et d’amour, il nous a fait confiance et ne tentait plus de communiquer en pinçant. Une nourriture équilibrée et un nettoyage du foie lui avait permis de commencer à reprendre du poids et les exercices pour restaurer sa musculature lui avaient donné beaucoup de force dans les pattes. Depuis, son grand plaisir était de se balancer par une patte en mangeant la tête en bas. Ses ailes avaient retrouvé du tonus, ce qui lui permettait de presque décoller de nos bras. Il a alors pu expérimenter avec succès de rencontrer d’autres perroquets dans l’espace de Nat. Nous étions fières des progrès depuis ce jour de fin février où il était arrivé à la maison. Le bec trop long, épais de près d’un centimètre à sa pointe trop large avait été raccourci par notre vétérinaire aviaire et Kiko depuis le limait de lui-même sur les branches à sa disposition. L’épaisseur avait disparu à force. Que de progrès !
Et puis ce matin… sans aucun signe le laissant présager… il s’en est allé. Ce matin du lundi 16 mai, mon cœur s’est brisé en mille morceaux lorsque j’ai été ouvrir la porte de leur pièce en fredonnant. À mon bonjour les oiseaux, personne n’a répondu. Tous avaient compris et tous étaient déjà tristes. Kiko était parti rejoindre les plumeaux par delà les nuages.
J’aime tous les perroquets de la maison. Qu’ils soient avec moi depuis longtemps ou depuis peu, je les aime tous du même amour. Même Kiko ? Surtout Kiko. Surtout les « gueules cassées » comme je les appelle parfois. Ces oiseaux qui ont eu des vies souvent difficiles. Ces oiseaux qui ont vécu seuls, sans congénères. Ces oiseaux qui ne savent pas, ne peuvent pas voler. Ces oiseaux qui arrivent ici et qui ont tout à apprendre de ce qu’est la vie d’un perroquet. Alors oui, je suis triste. Très triste. Aujourd’hui la maison est en deuil.
Bizarre me diront peut-être certain-e-s ici. Comment peut-on être si triste pour si peu de temps passé ensembles ? Parce que l’amour n’est pas une affaire de temps. Parce que justement, il est urgent d’aimer ces oiseaux-là, urgent de leur offrir une vie de perroquet, urgent d’en prendre soin. Parce que (et Kiko me l’a rappelé ce matin) on ne sait pas combien de temps il leur reste. Chaque instant de joie, d’amour, de tendresse, est infiniment précieux.
Oh que non, je ne suis pas naïve. Je sais pertinemment que de m’occuper de perroquets de sanctuaire sera jalonné de moments aussi douloureux. C’est déjà arrivé et hélas, ça arrivera encore. La mort fait partie de l’équation. Parfois, on l’oublie ou tout le moins on essaye tant bien que mal de ne pas y penser. Elle est venue par surprise et ce genre de surprise est d’une violence inouïe.
On le sait, les oiseaux de par leur nature cachent leurs maux. Mon œil aiguisé n’a rien vu qui fasse se dire que quelque chose clochait. Alors Nat et moi avons été emmener Kiko chez le vétérinaire afin qu’il procède à une nécropsie. Nous aurons les résultats dans quelques jours et, on l’espère, des réponses à nos questionnements.
Ça n’enlèvera rien à notre chagrin. Notre cœur grossira juste un peu plus pour qu’il y reste toujours. Il ne sera jamais oublié, sa mémoire sera honorée ici lorsque nous récupérerons ses cendres.
Reposes en paix mon joli plumeau poudré à la nuque violine. Merci infiniment de tout ce que tu m’as enseigné lors de ton séjour ici.
Hello Capucine,
Je viens de lire ce triste message et j'ai les larmes qui coules car j'en ai tellement souffert lors de la perte des miens que je pense tout fort à toi et heureusement que les autres sont prêt de toi..
je te souhaite encore toutes mes condoléances de tout mon coeur
Oh, je viens de lire ce texte. De tout coeur avec vous avec beaucoup de retard.
Vous avez découvert ce qu'il s'est passé ? Le pourquoi il est mort subitement ?
Courage à tous, humains et oiseaux.